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MÉDITATIONS 

SUR DES TABLEAUX REPRÉSENTANT 

LA VIERGE MARIE

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« L’offrande que Marie avait faite d’elle-même à Dieu, dès le moment de sa conception immaculée, avait été secrète ; mais comme la vertu de religion, outre les devoirs intérieurs et cachés, comprend les devoirs extérieurs et publics, Dieu voulut qu’elle renouvelât son offrande dans le temple de Jérusalem, le seul sanctuaire de toute la vraie religion qu’il y eût alors dans le monde. Il lui inspira donc lui-même la pensée d’aller s’offrir à lui dans ce saint lieu. Cette bénie enfant, sanctifiée en sa chair, et toute pénétrée et remplie de la divinité dans son âme, était dirigée en tout par l’Esprit-Saint : ne laissant en elle aucune entrée à la sagesse humaine, elle ne pouvait agir que selon Dieu, qu’en Dieu, pour Dieu, et par la direction même de Dieu.

A peine lui a-t-il imprimé le mouvement de se séparer de la maison de ses parents, qu’elle quitte ce monde grossier et corrompu sans regarder derrière elle. Elle n’examine point si, au service de Dieu, elle aura quelque besoin ; si ce grand Dieu lui est suffisant en toutes choses ou non. Elle ne pense point à sa maison, à ses parents : elle s’abandonne toute à lui avec une confiance merveilleuse, sans retour quelconque sur elle, ni sur quoi que ce puisse être. Possédée de l’Esprit de Dieu, tout-puissant, tout ardent, tout amour, elle est amenée au temple par ce divin Esprit, qui l’élève lui-même au-dessus de son âge et des forces de la nature. Quoique âgée seulement de trois ans, elle monte seule les degrés du temple ; et Dieu veut qu’elle marche ainsi seule, sans s’appuyer sur sa mère, pour montrer que l’Esprit divin tout seul la dirigeait ; et aussi pour nous apprendre qu’opérant dans nos âmes par sa puissance, il est le vrai supplément de nos infirmités. Pourtant elle était en la compagnie de sainte Anne sa mère, parce que, si rempli qu’on soit du Saint-Esprit, on doit toujours vivre sous la conduite extérieure de ceux qu’il nous a donnés pour nous tenir sa place, et qui sont les approbateurs de ses voies : lui-même, sous l’extérieur de ces personnes, nous assurant de sa direction.

Séparée ainsi de la maison de ses parents, dans un âge si tendre, cette très-sainte enfant s’abandonne à Dieu, dans un oubli du monde et une mort d’elle-même, une ferveur et un zèle qui ne peuvent être compris. Elle renouvelle ses vœux d’hostie et de servante, avec un amour plus grand encore, plus pur, plus excellent, plus admirable qu’elle ne l’avait fait dans, le temple sacré des entrailles de sainte Anne : cet amour allant toujours croissant de moment à moment, et n’ayant en elle ni interruption ni relâche ; ce qui la rendait comme immense. Toute consumée par cet amour, elle ne veut avoir de vie, de mouvement, de liberté, d’esprit, de corps, rien absolument qu’en Dieu. La donation qu’elle fait d’elle-même est si vive, si ardente et si pressante, que son âme est dans la disposition actuelle et perpétuelle de se livrer sans cesse à Dieu, et d’être toujours de plus en plus à lui, croyant, pour ainsi dire, n’y être jamais assez et voulant y être davantage encore, s’il lui était possible. Enfin, s’offrant comme une hostie vivante, toute consacrée à Dieu en elle-même et dans tout ce qu’elle serait un jour, elle renouvelle la consécration qu’elle lui avait déjà faite de toute l’Église, dans sa conception ; spécialement celle des âmes qui, à son exemple, se consacreraient à son divin service dans tant de saintes communautés. En ce jour, la loi ancienne voit se réaliser quelque chose de ce qu’elle figurait : le temple de Jérusalem voit s’accomplir l’une de ses attentes : il reçoit dans son enceinte l’un des temples dont il était l’image, la très-sainte Vierge Marie, temple vivant de Jésus-Christ, comme Jésus-Christ devait être le temple parfait et véritable de la Divinité. »

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Tapisserie de la cathédrale de Strasbourg

Tu es là devant moi et je ne sais qui tu es.

Cet anonyme de l’Ecole française du XVIIème t’a enveloppée des atours d’une reine en cette pose hiératique des Déisis qui ont fleuri depuis l’Empire Byzantin. En cette époque triomphale, l’Eglise te proclame Mère de Dieu et tu trônes depuis auprès de ton Fils pour accueillir les pèlerins d’Orient et d’Occident qui à la vue de la splendeur des édifices dont tu es la Reine s’écrieront : Ici est le vrai Dieu ! Cet Enfant est vraiment le Dieu des dieux, Celui qui s’est choisi une telle mère.

Les fils d’or qui ruissellent sur ton voile ont perdu de leurs éclats et cette usure qui témoigne de ta Présence au cours des âges n’a en rien altéré ton maintien. Tu n’es plus assise sur un trône mais bien la Colonne inébranlable, la Tour de David, la Tour d’ivoire, la Maison d’or.

Le pourpre de ta robe est la parure de notre humanité et ton voile azur manifeste toute l’union de ton âme à la Divinité. Ton visage si calme porte les stigmates des glaives qui t’ont transpercée mais rien n’a pu altérer la puissance de ton maintien, la paix qui t’enveloppe, toi et ton Enfant. Nouvelle Théotokos aux lèvres ourlées et sensuelles des dames de Cour, tu entoures de ton affection le petit roi de Versailles aux boucles dorées. A ses pieds des sandalettes qui le porteront sur les chemins de Judée et Samarie, Il te contemple et tu me fixes, si lointaine et pourtant si proche.

Tu es là devant moi et je ne sais qui tu es.

Je m’émerveillais enfant à la découverte des cartes de Noël que nous recevions en ces froides journées de décembre venues réchauffer nos cœurs par ces milles visages , icônes ayant traversé les immenses étendues de la Russie, de la Géorgie et de Roumanie, enluminures gothiques des royaumes et empires d’Occident, portraits des primitifs flamands et italiens, visages de la Renaissance et jeunes femmes si proches des Murillo, Velasquez et Caravage, mille attirances d’une mère idéalisée ou femme du peuple données à mon imagination sans jamais satisfaire ma soif d’une étreinte avec une mère, celle qui semble réservée à l’Enfant-Roi.

Tu es là devant moi et je ne sais qui tu es.

Mère de cet Enfant-Dieu, un abîme nous sépare.

Tu me regardes. Pourquoi moi ? Je ne puis te regarder sans te présenter cette foule immense d’orphelins, de rejetés, d’écorchés de mères dramatiquement absentes, errants de mères en déserts, ivres de leur solitude de mal-aimés.

Tu es là et je ne sais qui tu es

Le silence de ton regard, m’interroge, m’interpelle par ton humilité, ta simplicité de reine, de mère ; passage vers un inconnu, aube d’un temps nouveau, aurore divine, tu me transperces, m’attires vers cet Enfant qui de son geste vient me bénir et tient en ses mains le Livre de Sa Parole.

Ouvre pour moi les fermoirs de son écrin, que Sa semence divine vienne irriguer notre terre desséchée et alors je veux bien croire, avec tous ces orphelins que la nuit obscure va se déchirer et s’ouvrir en un jardin où tu apporteras des onguents pour panser, du lait pour abreuver, des sourires pour illuminer nos âmes blessées auprès de nos mères restaurées, réconciliées par l’Amour de ton Fils.

Tu es là, Fontaine du Fleuve de Vie qui fait refleurir nos enfances divines.

Tu es là et comme Thérèse,

Moi je voudrais chanter Marie pourquoi je t’aime

Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur

Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême

Ne saurait à mon âme, inspirer de frayeurs. (...)

Chanter sur tes genoux Marie pourquoi je t’aime

Et redire à jamais que je suis ton enfant.

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